Centre Culturel Angevin d'Espéranto / Anĝeva Esperanto-Asocio

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Le 29 avril

(message précédent : 25 avril)
(rapide traduction, avec contributions de Simone ; le texte en espéranto, avec partition du chant et graphique, se trouve sur le site de SAT : ici)


Le 29 avril

Letero de s-ino HukagaÅ­a Kazumi (42-jara)
Kiam okazis la tertremo de HanÅ in en 1995, mi estis en la 9a etaÄ o en Koobe. Mi pensis, ke milito komenciÄ is kaj bomboj eksplodis, tial mi restis tie en stuporo dum kelkaj horoj, kaj fine estis savita de mia amiko el la proksimiÄ anta fajrego.
En universitato mi lernis francajn kantojn kaj tiam mi agadis kun alikampaj artistoj, sed la tertremo rabis al mi la tutan intereson pri tiuj aferoj. Du semajnojn post la tertremo, mi ekpensis, ke mi povos kanti japanajn malnovajn kantojn. Mi prove kantis al miaj amikoj. Ili tuj entuziasmiÄ is. Ni tre Å atis tion. Ni komencis viziti detruitajn stratojn kaj kantis. Preterpasantoj kun masko kaj dorsosako haltis kaj sidiÄ is ĉirkaÅ­ nin. Ni kantis, kaj ili kantis kune, kaj fine tio fariÄ is granda kantado kun larmoj.
En malfacila situacio ĉe ni restas nur io, kio ekzistas en la profundo de nia koro. Scio, kiun ni akiras en la posta vivo, defalas. Tiam ni bezonis tiujn kantojn. En la rifuÄ ejoj, kiam ĉiuj havas malfacilon, kantu tiujn kantojn kune.
Nun mi ofte havas koncertojn pri tiuj kantoj en lernejoj kaj maljunulejoj. (la ĵurnalo Mainiĉi, la 22an de aprilo)

Lettre de Mme HukagaÅ­a Kazumi (42 ans)
Quand s’est produit le tremblement de terre de HanÅ in en 1995, j’étais au 9ème étage àKoobe. J’ai pensé qu’une guerre avait commencé et que des bombes explosaient, c’est pourquoi je suis restée sur place, atterrée, pendant quelques heures, et finalement mon ami m’a sauvée d’un incendie qui se rapprochait.
À l’université j’avais appris des chants français et, àcette époque, avec des artistes je prenais part àdes activités dans d’autres domaines mais le tremblement de terre m’a enlevé tout intérêt pour ces choses. Deux semaines après le séisme, j’ai pensé que je pourrais chanter de vieux chants japonais. J’ai essayé de chanter devant mes amis. Ils se sont tout de suite enthousiasmés. Cela nous a beaucoup plu. Nous avons commencé àvisiter des rues détruites et nous chantions. Des passants, portant masque et sac au dos, s’arrêtaient et s’asseyaient autour de nous. Nous chantions et ils chantaient avec nous, et àla fin c’est devenu un long chant mêlé de larmes.
Dans une situation difficile, il ne nous reste que ce qui existe au fond de notre cÅ“ur (ce qu’on acquiert dans les premières années). La connaissance, que nous acquérons les années suivantes (et qui n’est pas si profondément ancrée dans notre cÅ“ur), s’en va alors. Nous avons donc besoin de ces chants. Dans les refuges, quand tous sont dans la difficulté, chantons ensemble ces chants.
Maintenant, je donne souvent des concerts avec ces chants dans des écoles et des maisons pour personnes âgées.
(extrait du journal Mainiĉi, le 22 avril)

Ni havas kantojn nomatajn “kantoj aprobitaj de la ministerio de edukado†. AntaÅ­e en ĉiuj elementaj lernejoj tiuj kantoj estis devigaj, tial la plejparto de la popolanoj povas kanti ilin. La plej amata kanto estas “Hejmloko†. Kiam homoj aÅ­skultas Ä in, ili certe emociiÄ as, rememorinte siajn junajn tagojn, kaj maljunuloj nepre larmas. Ĉi-foja cunamo detruis belajn hejmurbojn kaj vilaÄ ojn, tial tiu kanto des pli emocias aÅ­skultantojn. Jam en televido mi multfoje vidis homojn larmi je tiu kanto.

Nous avons des chants appelés “chants approuvés par le ministère de l’éducation†. Auparavant, dans toutes les écoles élémentaires, ces chants étaient obligatoires, c’est pourquoi la plupart des habitants peuvent les chanter. Le chant préféré est “Foyer†. Quand des personnes l’écoutent, elles s’émeuvent àcoup sà»r, se rappelant leurs jeunes années et les anciens ont assurément la larme àl’Å“il. Le tsunami de cette fois-ci a détruit de belles villes natales et de beaux villages-foyers, c’est pourquoi ce chant touche d’autant plus les auditeurs. A la télévision, j’ai souvent vu pleurer des gens qui écoutaient ce chant.

Kuna kantado (un chant commun)
rememorigas al ni (nous rappelle)
karan hejmlokon, (un cher foyer/lieu d’origine)
belan sed jam perditan, (beau mais jamais perdu)
kun espero por morgaÅ­ (avec l’espoir pour demain)

歌声㠧㠿㠪㠮心㠫 è˜‡ã‚‹
   㠆㠾㠗㠵る㠕㠨明日㠸㠮希望

Kanto-kafejo
(letero de s-ino Ĉiba Mieko 62-jara, el la rubriko « Â Letero al la redaktantoj  » en la ĵurnalo Akahata la 25an de aprilo)
La 10an de aprilo ni, 20 korusanoj de Koruso de Sendai, organizis Kanto-kafejon. 60 partoprenantoj kaj ni 20 arde kantadis dum 2 horoj kun kantisto KitagaÅ­a Tecu. Ĉiuj venis ĉi tien kun sia doloro, sed kiam ni ekaÅ­skultis melodion de la unua kanto, ĉiuj laÅ­te kriis : “Ni vivas !†Kantoj kaj melodioj eniris en nian koron same kiel akvo en sekan sablon. Ni kantis kaj kantis. ... Kiam ni havas esperon por la morgaÅ­o, ni ne rompiÄ as. Ni ĉiuj vivas kune ! Kantoj havas grandan forton. Kune kanti havas pli grandan forton ! La regiono Toohoku neniam malvenkos ! Ni kune komencu paÅ i antaÅ­en eĉ malrapide !

Karaoké
(lettre de Mme Äˆiba Mieko, 62 ans, de la rubrique « Â Courrier des lecteurs  » du journal Akahata, le 25 avril)
Le 10 avril, nous, les 20 choristes de la chorale de Sendai, nous avons organisé un karaoké. 60 participants nous ont accompagnés avec ferveur, en chantant deux heures durant avec le chanteur KitagaÅ­a Tecu. Tous sont venus ici avec leur douleur, mais quand nous avons commencé àentendre la mélodie du premier chant, tous ont crié fort : “Nous vivons !†Des chants et des mélodies pénétraient dans notre cÅ“ur comme de l’eau dans du sable sec. Nous avons chanté et chanté. ... Quand on a de l’espoir pour le lendemain, on ne peut se briser. Nous vivons tous ensemble ! Les chants ont une grande force. Chanter ensemble donne davantage de force ! La région Toohoku ne sera jamais vaincue ! Commençons ensemble àmarcher en avant, même si nous avançons lentement !

* En la 1960-aj jaroj multe furoris « Â Kanto-kafejoj  » en la tuta Japanio, en kiu partoprenantoj, pagante kafon, kantis kune kun kanto-gvidanto. Nun tiutempaj junuloj emeritiÄ as/is kaj denove ekfuroras tiu kanto-kafejo. S-ro KitagaÅ­a Tecu eble ne kantis tiutempe, sed agadas longe kiel fama kantisto en la demokratia movado.

* Dans les années 60, les « Â Karaoké  » faisaient fureur dans tout le Japon, où les participants, en consommant un café, chantaient guidés par un animateur. Maintenant, les jeunes de cette époque sont devenus / deviennent des retraités et ces karaokés font ànouveau fureur. Peut-être que Mr KitagaÅ­a Tecu n’a pas chanté dans ces années-là, mais de longue date il tient un rôle actif comme chanteur bien connu dans le mouvement démocratique.

Larmoj je la lerneja kanto
La 21an okazis ceremonio por novaj lernantoj de la elementa lernejo OokaÅ­a en la najbara lernejo IinokaÅ­a. La lernejo OokaÅ­a estas tiu lernejo, kiun atakis la cunamo kaj kies 70% de la lernantoj mortis aÅ­ malaperis. Unu el la tri novaj lernantoj estis Hiracuka Tooma.
Li havas aÅ­ havis fratinon Koharu, kiu estis en la 6a lernojaro de la sama lernejo kaj finus la kurson tie en marto, sed la cumano forprenis Å in. Al la ceremonio akompanis Toom-on lia patrino Naomi. Åœi decidis ne plori dum la ceremonio, sed tio ne eblis. Kiam Å i aÅ­dis la lernejan kanton, kiun Å ia filino ofte kantis, Å i ne povis reteni siajn larmojn.
Mezlerneja uniformo de Koharu atendas Å in en la ĉambro. Rigardante Ä in, Tooma diris al sia patrino : “Mia fratino iris al la paradizo. Mi lernos diligente, ankaÅ­ por Å i†.
(la ĵurnalo Mainiĉi, la 22an de aprilo)

Des larmes au chant de l’école
Le 21 avril a eu lieu une cérémonie pour les nouveaux élèves de l’école élémentaire OokaÅ­a dans l’école voisine IinokaÅ­a. L’école OokaÅ­a est cette école frappée par le tsunami et dont 70% des élèves sont morts ou disparus. Un des trois nouveaux élèves est Hiracuka Tooma.
Il a ou avait une sÅ“ur Koharu qui était en 7ème année dans la même école et qui y aurait terminé les cours en mars, mais le tsunami l’a emportée. À cette cérémonie, Tooma était accompagné de sa mère Naomi. Elle avait décidé de ne pas pleurer pendant la cérémonie mais ce fut impossible. Quand elle a entendu le chant de l’école que sa fille chantait souvent, elle n’a pu retenir ses larmes.
L’uniforme de collégienne de Koharu l’attend dans la pièce. En le regardant, Tooma dit àsa mère : “Ma sÅ“ur est allée au paradis. J’apprendrai assidà»ment, aussi pour elle†.
(du journal Mainiĉi, le 22 avril)


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