(message précédent : 13 septembre)
(rapide traduction ; le texte, plus joliment présenté mais en espéranto seulement, se trouve sur le site de SAT : ici)

Le 20 septembre / La 20an de septembro

(ĉi-supra bildo) Flavaj vestuloj estas fukuÅ ima-anoj. Petite de s-ino Mutoo, ili stariÄ is por saluti al la kunvenantoj.
(image ci-dessus) Les personnes en jaune sont des gens de Fukushima. À la demande de Mme Mutoo, ils se sont mis debout pour saluer les participants.

La 19an de septembro en Parko Meiĵi en la centro de Tokio okazis granda kunveno kontraŭ nuklea energio nomata “Adiaŭon al nukleaj centraloj†iniciatita de s-ro Kamata Kei, raportisto, s-ro Ooe Kenzaburoo, nobelpremiita verkisto, s-ino Oĉiai Keiko, verkisto, s-ro UĉihaŠi Kacuto, kritikisto pri ekonomio kaj s-ino Saŭaĉi Hisae, verkisto. La kunveno kolektis 60000 homojn, kaj poste ili manifestaciis en la centra Tokio en tri grupoj.
En la kunveno ĉiuj iniciatintoj kaj aliaj kelkaj parolis, sed la plej kortuÅ a estis parolo de s-ino Mutoo Ruiko, reprezentantino de “Agado por malfunkciigi nukleajn centralojn (Hairo-action)†, fondita okaze de la 40-jariÄ o de la nuklea reaktoro n-ro 1 de FukuÅ ima, celante, ke ekde la 26a de marto de 2011 Ä is la 26a de marto 2012 estu “Jaro por malfunkciigi nukleajn centralojn†. Ironie antaÅ­ la komenco de la Jaro okazis la akcidento kaj suferigas loÄ antojn en la tuta Japanio. Mi tradukos Å ian paroladon. *La 26an de marto en 1971 ekfunkciis la nuklea reaktoro n-ro 1 de FukuÅ ima.

Le 19 septembre dans le Parc Meiji au centre de Tokyo a eu lieu un grand rassemblement contre l’énergie nucléaire nommé “Adieu aux centrales nucléaires†, initiée par Mr Kamata Kei, reporter, Mr Ooe Kenzaburoo, écrivain Prix Nobel, Mme Ochiai Keiko, écrivaine, Mr Uchihashi Kacuto, critique économiste et Mme Sawachi Hisae, écrivaine. Le rassemblement a réuni 60000 personnes, et ensuite ils ont manifesté dans le centre de Tokyo en trois groupes.
Pendant le rassemblement, tous les initiateurs et quelques autres personnes ont parlé, mais le plus touchant fut la prise de parole de Mme Mutoo Ruiko, représentante de l’ “Action pour l’arrêt des centrales nucléaires (action Hairo)†, fondée àl’occasion du 40ème anniversaire du réacteur nucléaire n°1 de Fukushima, visant que du 26 mars 2011 au 26 mars 2012 ait lieu l’ “Année pour arrêter les centrales nucléaires†. Ironiquement, l’accident a eu lieu avant le début de cette Année, faisant souffrir des citoyens dans tout le Japon. Je vais traduire son discours. *Le 26 mars 1971 a commencé àfonctionner le réacteur nucléaire n°1 de Fukushima.

Mi volas transdoni la penson de FukuÅ ima al plej multaj homoj
Karaj gekunvenantoj. Mi venis de FukuÅ ima. Mi venis ĉi tien kun multaj geamikoj per buso el FukuÅ ima aÅ­ el rifuÄ ejoj en aliaj gubernioj. Ni venis ĉi tien por transdoni al la kunvenantoj nian malÄ ojon pro la nuklea akcidento kaj nian voĉon kontraÅ­ nukleaj centraloj. Mi volas unue diri jenajn aferojn :
Mi estimas ĉiujn, kiuj strebe faris ĉion por protekti vivon ekde la 11an de marto.
Mi dankas al ĉiuj, kiuj subtenis kaj helpis FukuŠima-anojn.
Mi pardonpetas de vi, infanoj, geknaboj kaj gejunuloj, pro tio, ke ni Å arÄ is vin per tiu granda sarÄ o, kiel la generacianoj, kiuj kaÅ­zis tiun ĉi realon. Elkore mi pardonpetas de vi.

Je veux transmettre la pensée de Fukushima au plus de personnes possible.
Chers participants. Je suis venue de Fukushima. Je suis venue ici avec beaucoup d’amis, en autocar depuis Fukushima ou depuis des refuges dans d’autres préfectures. Nous sommes venus ici pour transmettre aux participants notre tristesse àcause de l’accident nucléaire et notre voix contre les centrales nucléaires. Je veux d’abord dire les choses que voici.
J’ai de l’estime pour tous ceux qui ont fait tout leur possible pour protéger la vie àpartir du 11 mars.
Je remercie tous ceux qui ont soutenu et aidé les habitants de Fukushima.
Je demande votre pardon, àvous, enfants, filles, garçons et jeunes de vous avoir chargés de cet énorme fardeau, en tant que membres de la génération qui ont produit cette réalité. De tout mon cœur, je vous demande pardon.

Karaj kunvenantoj. FukuÅ ima estas tre bela gubernio. En la oriento troviÄ as la distrikto nomata Hama-doori (Marborda-vojo) kun blua maro en la Pacifiko. En la mezo estas Naka-doori (La meza vojo) kun abundaj fruktoj de persikoj, piroj kaj pomoj. Kaj ĉirkaÅ­ la lago InaÅ­aÅ iro kaj la monto Badai troviÄ as la ebenaĵo Aidu. Transe troviÄ as profunda montaro. La montoj estas verdaj kaj la akvo estas pura, tio estas nia hejmloko.
Ekde la nuklea akcidento de la 11a de marto, sur tiun pejzaÄ on pluvis radioaktiveco nevidebla, kaj ni fariÄ is hibakuÅ a (atombombitoj).
Dum la tumulto okazis diversaj aferoj : Inter la propagando de sekureco de la akcidento kaj la timo pri la akcidento, niaj homaj ligoj estas rompitaj. En la najbaro, en la laborejo, en la lernejo, en la hejmo, kiom da homoj ĉagreniÄ is kaj malÄ ojis ? Ĉiun tagon ni alfrontas neeviteble kaj serioze al novaj decidoj. Ĉu ni forkuru aÅ­ ne ? Ĉu ni manÄ u aÅ­ ne ? Ĉu ni sekigu la lavataĵojn ekstere aÅ­ ne ? Ĉu ni surportigu al la infanoj maskon aÅ­ ne ? Ĉu ni kultivu la kampon aÅ­ ne ? Ĉu ni protestu aÅ­ silentu ? Ni devis elekti diversajn aferojn post Å anceliÄ a kaj serioza cerbumado.

Chers participants. Fukushima est une très belle préfecture. À l’est se trouve le district appelé Hama-doori (route de la côte) avec une mer bleue dans le Pacifique. Au milieu il y a Naka-doori (la route médiane) avec des fruits abondants, pêches, poires et pommes. Et autour du lac Inawashiro et du mont Badai se trouve la plaine Aidu. À travers se trouve un ensemble de montagnes. Les montagnes sont vertes et l’eau est pure, c’est l’endroit où nous vivons.
Depuis l’accident nucléaire du 11 mars, il a plu sur ce paysage une radioactivité invisible, et nous sommes devenus des hibakusha (victimes de la bombe).
Dans la confusion se sont produites diverses choses. Entre la propagande de sécurité de l’accident et la crainte de l’accident, nos relations entre personnes se sont rompues. Dans le voisinage, au travail, àl’école, àla maison, combien de personnes se sont-elles fâchées et sont-elles devenues abattues ? Chaque jour, nous affrontons inévitablement et sérieusement de nouvelles décisions. Devons-nous fuir ou pas ? Devons-nous manger ou pas ? Devons-nous faire sécher le linge àl’extérieur ou pas ? Devons-nous faire porter un masque aux enfants ou pas ? Devons-nous cultiver les champs ou pas ? Devons-nous protester ou rester silencieux ? Nous devons faire différents choix après avoir réfléchi avec hésitation.

Kaj dum la pasintaj ses monatoj pli kaj pli klariÄ is jenaj aferoj :

Ni Ä emas pro lacego kaj malÄ ojego, sed el niaj buÅ oj eligas voĉoj : “Ne moku nin !†, “Ne rabu al ni vivon†.
Ni fukuÅ ima-anoj silente releviÄ as.
Por protekti infanojn kaj geknabojn, patrinoj, patroj, avinoj kaj avoj leviÄ as.
Por ke la estonteco ne estu rabita, junuloj leviÄ as.
Por savi laboristojn laborantajn por ripari la reaktorojn ĉirkaÅ­ate de radioaktiveco, laboristoj leviÄ as.
El la malespero malpurigita per radioaktiveco terkulturistoj leviÄ as.
Por ke nova diskriminacio pro radioaktiveco ne ekestu, handikapuloj leviÄ as.
Ĉiuj civitanoj akuzadas TEPCO-on kaj la registaron. Ni estas Onioj de Toohoku, kiuj silente indignas.
(*oni : Origine Ä i signifas demonon, kiu kaÅ­zas malbonon al homoj, sed ĉi tie Ä i signifas vivaĵon, kiu dediĉas sin al iu afero kuraÄ e kaj sindone. Toohoku-regiono (la nordorienta regiono de Japanio) estas fama pro onioj.)
Ni fukuÅ ima-anoj, ĉu daÅ­raj loÄ antoj en FukuÅ ima aÅ­ ĉu rifuÄ intoj en aliaj gubernioj, volas dividi suferojn, respondecon kaj esperon, kaj subteni unu la alian. Vi plu ligiÄ u kun ni !
Vi ne pretervidu niajn agadojn. Ni batalos kontraÅ­ la registaro, ni metos la aferon al juÄ o, ni purigos radioaktivecon el la tero, ni mezuros la kvanton de radioaktiveco, ni lernos kaj studos pri nukleaj centraloj kaj radioaktiveco. Ni iros ĉien ajn, kie ni estas bezonataj, por rakonti pri FukuÅ ima. HodiaÅ­ en fora Novjorko niaj amikoj parolas. Ni agadas ĉiamaniere laÅ­ nia tuta kapablo. Helpu nin. Ne forgesu FukuÅ ima-on.

Et pendant les 6 mois passés, les choses suivantes sont devenues plus nettes :

• La vérité est toujours cachée.
• L’état ne protège pas les citoyens.
• L’accident n’est pas encore fini.
• Les habitants de Fukushima deviennent des sujets d’expériences.
• Une grande quantité de déchets radioactifs restera éternellement.
• Il y a un groupe puissant qui veut continuer àdévelopper l’énergie nucléaire.
• Nous avons été jetés.

Nous nous lamentons de fatigue et de tristesse, mais de nos bouches sortent des voix : “Ne vous moquez pas de nous !†, “Ne volez pas notre vie†.
Nous, habitants de Fukushima, nous nous relevons en silence.
Pour protéger les enfants, les filles et garçons, les mères, les pères, les grands-mères, les grands-pères se lèvent.
Pour que l’avenir ne soit pas volé, les jeunes se lèvent.
Pour sauver les travailleurs travaillant àréparer les réacteurs, entourés de radioactivité, les travailleurs se lèvent.
Du désespoir pollué par la radioactivité, les agriculteurs se lèvent.
Pour que n’apparaisse pas une nouvelle discrimination àcause de la radioactivité, les handicapés se lèvent.
Tous les citoyens accusent continuellement TEPCO et le gouvernement. Nous sommes des Onis de Toohoku qui nous indignons en silence.
(*oni : À l’origine, cela signifie le démon qui cause du mal aux Hommes, mais ici il indique un être vivant qui se consacre àune affaire avec courage et dévouement. La région de Toohoku (la région nord-est du Japon) est célèbre pour ses onis.)
Nous, habitants de Fukushima, habitants restés sur place àFukushima ou bien réfugiés dans d’autres préfectures, voulons diviser les souffrances, la responsabilité et l’espoir et nous soutenir les uns les autres. Restez liés avec nous !
Ne manquez pas nos actions. Nous lutterons contre le gouvernement, nous porterons l’affaire devant les tribunaux, nous éliminerons la radioactivité de la terre, nous mesurerons la quantité de radioactivité, nous apprendrons et étudierons sur les centrales nucléaires et la radioactivité. Nous irons n’importe où, où l’on aura besoin de nous pour parler de Fukushima. Aujourd’hui, dans la lointaine New-York, nos amis sont en train de parler. Nous agirons de toutes les manières selon toutes nos possibilités. Aidez-nous. N’oubliez pas Fukushima.

Mi havas alian aferon por rakonti. Temas pri nia vivmaniero. Ni devas imagi la mondon trans la konektilingo, al kiu ni facilanime ligas elektran aparaton. Ni devas bildi, ke oportuneco kaj progreso dependas de diskriminacio kaj viktimoj. Nukleaj centraloj staras en tiu transa mondo. Homaro estas unu el la multaj specioj en la terglobo. Ĉu ekzistas aliaj specioj, kiuj danÄ erigas la estontecon de sia specio ? Mi volas vivi kiel normala vivaĵo, kiu harmonias kun la bela stelo, la Tero. Mi volas vivi kreive kaj riĉe, uzante malmulte da valora energio.
Kiamaniere ni povos krei novan mondon liberan de atomenergio ? Neniu povas respondi Ä uste. Tio, kion ni povas fari, estas, ke ni ne sekvu aliajn blinde, sed ni pensu kaj konsideru vere serioze kaj racie per nia propra kapo, ni vidu per niaj propraj okuloj, ni decidu, kion ni povos fari, kaj ni agadu. Ni rememoru, ke ni ĉiuj havas tiun kapablon.
Ni ĉiuj havas kuraÄ on por Å anÄ i nin. Ni reakiru la perditan memfidon, kaj ni interligu unu la alian. Se la forto, kiu antaÅ­enigas atomenergion, estas alta, vertikala muro, ni etendiÄ u horizontale kaj senlime, kaj interligiÄ u. Tio estas nia forto.
Nun vi manpremu kun viaj najbaroj. Ni rigardu unu la alian kaj aÅ­skultu niajn suferojn unu la alian. Permesu al ni koleron kaj larmojn. Ni disvastigu niajn varmajn manpremojn en la tuta mondo. Eĉ se nia Å arÄ o estas neimageble peza, eĉ se nia vojo estas neimageble severa, ni rekte rigardu tion kaj subtenadu unu la alian, kaj vivadu kun facilaj paÅ oj kaj gaja mieno.

J’ai autre chose àraconter. Il s’agit de notre manière de vivre. Nous devons imaginer le monde au-delàde la prise électrique àlaquelle, avec insouciance, nous connectons un appareil électrique. Nous devons nous figurer que la confort et le progrès dépendent de discrimination et de victimes. Des centrales nucléaires se trouvent dans ce monde situé au-delà. L’Humanité est une des nombreuses espèces sur la planète. Y a-t-il d’autres espèces qui mettent en danger l’avenir de leur espèce ? Je veux vivre comme un être vivant normal, en harmonie avec la belle étoile, la Terre. Je veux vivre de façon créative et riche, en utilisant peu d’énergie précieuse.
De quelle manière pourrons-nous créer un nouveau monde libre de l’énergie atomique ? Personne ne peut répondre exactement. Ce que nous pouvons faire est de ne pas suivre les autres aveuglément, mais de réfléchir et considérer vraiment sérieusement et rationnellement avec notre propre jugement, de voir avec nos propres yeux, de décider ce que nous pouvons faire, et d’agir. Rappelons-nous que nous en sommes tous capables.
Nous avons tous du courage pour nous changer. Réapproprions-nous notre assurance perdue, et rapprochons-nous les uns des autres. Si la force qui pousse en avant l’énergie atomique, est un haut mur vertical, déployons-nous horizontalement et sans fin, et réunissons-nous.
Serrez maintenant les mains de vos voisins. Regardons-nous réciproquement et écoutons réciproquement nos souffrances. Permettez-nous de la colère et des larmes. Propageons nos poignées de main chaleureuses dans le monde entier. Même si notre fardeau est inimaginablement lourd, même si notre route est inimaginablement difficile, regardons cela en face et soutenons-nous les uns les autres, et vivons le pas léger et la mine réjouie.

(message suivant : 23 septembre)