Centre Culturel Angevin d'Espéranto / Anĝeva Esperanto-Asocio

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Le 24 juin

(message précédent : 23 juin)
(rapide traduction, avec contributions de Simone ; le texte, en espéranto seulement, se trouve sur le site de SAT : ici)


(ĉi-supra bildo) Provizoraj domoj

(image ci-dessus) Habitations provisoires


Le 24 juin / La 24-an de junio

DamaÄ o de la urbo IÅ inomaki

LaÅ­ iu statistiko mortoj en la urbo IÅ inomaki estas 3025 kaj malaperoj estas 2770. Tamen la Ä ustan nombron de malaperoj oni ankoraÅ­ ne scias. La cunamo atakis la plej homplenan kvartalon en la urbo, kaj 18500 domoj estis tute detruitaj kaj 12706 estis duone aÅ­ parte rompitaj. La nombro de rifuÄ ejoj estas 85 kaj rifuÄ intoj estas 5417 (Ä is la 23a de junio). Tiu urbo estas plej damaÄ ita en tiu katastrofo. AntaÅ­ la cumano la nombro de la loÄ antoj estis 163000, sed la urba respondeculo diras, ke eble la nunaj loÄ antoj estas 140000.

Dommages dans la ville d’Ishinomaki

D’après une statistique, il y a eu 3025 personnes décédées dans la ville d’Ishinomaki et 2770 disparus. On ne connaît cependant pas encore le nombre exact de disparus. Le tsunami a frappé le quartier le plus densément peuplé de la ville et 18500 habitations ont été complètement détruites et 12706 l’ont été àmoitié ou partiellement. Il y a 85 refuges et 5417 réfugiés (àla date du 23 juin). Cette ville a été la plus touchée par la catastrophe. Avant le tsunami, il y avait 163000 habitants, mais le responsable de la ville dit que le nombre actuel est peut-être de 140000.

Senespera 80-jarulo

La 22an de junio, unue ni vizitis familion, kiu loÄ as en la provizora domo en la urbo Sendai. En tiu domo loÄ as 80-jara viro kaj lia edzino, iliaj filo kaj filino. Tiu edzino estas pliaÄ a fratino de s-ino Saitoo.
Provizoraj domoj staris en la eksa parkejo de la civitana halo de la urbo. Unuan fojon mi vizitis tiujn dometojn, ĉar kiam okazis la tertremego de HanÅ in en 1995, mi ne havis Å ancon viziti la urbon. La familio vivis en la domo kun kuirĉambro, tri ĉambroj kaj banejo. La domo estas ekipita per fridujo, televidilo, lavmaÅ ino, gasa fornelo, krimatizilo. Ĉi tie oni povas vivi kun siaj familianoj, ne ĉirkaÅ­ate de fremdaj homoj. Tiu domo estas tro malgranda por 4 homoj, sed ege pli bona ol vivi amase en la rifuÄ ejo. Oni povas loÄ i tie senpage dum 2 jaroj, sed oni devas mem vivteni. En la rifuÄ ejo la urbo donas manÄ aĵojn trifoje, sed ĉi tie oni devas aĉeti ĉion.

Un octogénaire désespéré

Le 22 juin, nous avons d’abord rendu visite àune famille qui habite dans un logement provisoire de la ville de Sendai. Dans ce logement habitent un homme de 80 ans et sa femme ainsi que leur fils et leur fille. Cette femme est une sÅ“ur plus âgée de Mme Saitoo.
Des habitations provisoires ont été installées sur l’ancien parking du hall citoyen de la ville. C’est la première fois que je visitais ces petites habitations car après le séisme de KÅ be en 1995, je n’ai pas eu la chance de visiter la ville. La famille vit dans le logement avec une cuisine, trois chambres et une salle de bains. Le logement est équipé d’un réfrigérateur, d’une télévision, d’une machine àlaver, d’une cuisinière àgaz et d’un climatiseur. On peut vivre ici avec les membres de sa famille, sans promiscuité avec des inconnus. Cette maison est trop petite pour 4 personnes mais c’est beaucoup mieux que de vivre parmi la foule d’un refuge. On peut y loger gratuitement pendant 2 ans mais on doit soi-même subvenir àses besoins. Dans le refuge, la ville donne des repas trois fois par jour alors qu’ici, on doit tout acheter.

La edzo estas 80-jara. Li naskiÄ is, kreskis kaj laboris en la vilaÄ o detruita de la cunamo kiel terkulturisto. Liaj kampoj estis inunditaj de la cumano kaj nun kovritaj per koto kaj rubaĵoj. Kaj ili estas salitaj, do ne taÅ­gaj por rizplantoj. “Persone mi ne povas purigi la kampojn. AntaÅ­e mi vizitis tiujn, sed lastatempe mi ne iras†, li diris. Li estis terkulturisto, tial lia asekurmono estas malgranda por vivteni sin. Åœajnas, ke lia filo subtenas la familion.

Le mari a 80 ans. Il est né, a grandi et a travaillé comme cultivateur dans le village détruit par le tsunami. Ses champs ont été inondés par le tsunami et sont maintenant couverts de boue et de déchets. Et ils sont salés, donc non utilisables pour des plants de riz. “Personnellement, je ne peux pas nettoyer les champs. Auparavant, je suis allé les voir mais ces derniers temps, je n’y vais plus†, dit-il. Il était cultivateur, l’argent de l’assurance est donc insuffisant pour vivre. Il semble que son fils soutient la famille.

En lia ĉambro estis montrita foto de virino. Åœi estas lia 51-jara filino, kiu mortis en la cumano. KontraÅ­ Å ia morto, li ricevis 5 milionojn da enoj (50000 eÅ­roj) de la registaro kiel la kondolencan monon. Li nun estas senenspeza, do baldaÅ­ devos dependi de tiu mono, sed Ä i baldaÅ­ elĉerpiÄ os. Demando estas, ĉu liaj kampoj fariÄ os kultiveblaj dum la venontaj du jaroj, kaj krome ĉu li povos aĉeti maÅ inojn kaj aliajn necesaĵojn por la kultivado ? Li perdis ĉion : domon por loÄ i kaj maÅ inojn por kultivi. Li jam estas 80-jara, do Å ajnas, ke li ne havos Å ancon denove labori en siaj kampoj. Mi sentis min tre malÄ oja, vidante tiun diligentan terkulturiston havante nenion por fari krom sidi en la malgranda ĉambro. LoÄ antoj en tiuj provizoraj domoj konsistas ĉefe el maljunaj terkulturistoj, tial ĉiuj havas saman problemon en sia vivo. Iom konsolige estas, ke antaÅ­ ĉiuj domoj estas florpotoj, el kiuj kreskas floroj.

Dans sa chambre est exposée une photo de femme. C’est sa fille de 51 ans, morte dans le tsunami. Pour sa mort, il a reçu 5 millions de yens (50000 euros) du gouvernement, comme compensation de son décès. Il est maintenant sans ressources, donc il dépendra bientôt de cet argent, mais celui-ci s’épuisera rapidement. La question est : “Est-ce que ses champs seront cultivables dans les deux prochaines années et, en outre, pourra-t-il acheter des machines et autres choses nécessaires pour la culture ?†Il a tout perdu : sa maison pour se loger et les machines pour cultiver. Il a déjà80 ans donc il semble qu’il n’aura pas la possibilité de travailler ànouveau dans ses champs. Je me sens très triste en voyant ce cultivateur laborieux qui n’a rien àfaire, àpart rester assis dans la petite pièce. Les habitants dans ces habitations provisoires sont principalement des vieux cultivateurs, c’est pourquoi tous ont le même problème dans leur vie. C’est une petite consolation de voir des fleurs en pots devant tous les logements.

Forlasita kato

Ni veturis laÅ­ la marbordo. Ĉie estas similaj pejzaÄ oj. Staras difektitaj domoj sur la dezertitaj terenoj. En tiuj domoj restas mebloj kaj litaĵoj, sed sur la tero neniu restas krom dombazoj sen vivsigno. Ni alproksimiÄ is al iu domo, kiu certe estis granda kaj luksa. AntaÅ­ la pordo estis malplenaj ladskatoloj. AÄ¥, tiuj estas por katoj ! Mi rigardis en la domon, kaj tie sidis nigra kaj blanka kato. Äœi ne estis maldika, do la posedanto, kiu vivas en la rifuÄ ejo, regule vizitas la domon kaj nutras Ä in. Sen tia zorgo, la kato ne povus vivi, ĉar sur la detruata tero ne troviÄ as manÄ eblaĵoj. En la rifuÄ ejo oni ne rajtas zorgi katon kaj hundon, kaj krome katoj amikas al la domo, dum hundoj amikas al homoj.

Un chat abandonné

Nous nous sommes déplacés le long de la côte. Partout on découvre les mêmes paysages. Des maisons endommagées se dressent sur des terrains déserts. Dans ces maisons il reste des meubles et de la literie mais, sur le sol, rien ne reste àpart les fondations sans signe de vie. Nous nous sommes approchés d’une maison qui était certainement grande et luxueuse. Devant la porte, il y avait des boîtes de conserve vides. Ha, ce sont des boîtes pour chats ! J’ai regardé dans la maison et làétait assis un chat noir et blanc. Il n’était pas maigre, signe que le maître, vivant dans un refuge, lui rendait régulièrement visite et le nourrissait. Sans ces soins, le chat ne pourrait vivre car sur la terre dévastée, il n’y a rien àmanger. Dans le refuge, on n’a pas le droit de s’occuper d’un chat ou d’un chien, et en outre, les chats s’attachent àun lieu alors que les chiens se lient aux personnes.

AmbaÅ­flanke de la vojo etendiÄ as kampoj detruitaj kun rubaĵoj kaj blankaj per salo. Fore senĉese moviÄ as Å utkamionoj kaj buldozoj. Kaj pli fore vidiÄ is montetoj da rubaĵoj.

De chaque côté de la route s’étendent des champs dévastés avec des déchets, et blancs àcause du sel. Au loin circulent sans arrêt des camions-benne et des bulldozers. Et plus loin, on voit des collines de déchets.

Ni vizitis la domon de parencoj de s-ino Saitoo. Jam la koto estis forigita el la domo kaj Å ajne loÄ ebla post iom da riparado, sed la familio jam decidis malkonstrui la domon. Ili povas fari tion senpage subvenciite de la registaro aÅ­ la gubernio. S-ino Saitoo montris al ni la banejon. “Ĉi tie la edzo estis trovita inter la rubaĵoj. AntaÅ­e en kaj ĉirkaÅ­ la domo estis plene de trunkoj de pinarboj, kiuj kreskis laÅ­ la marbordo, do la familianoj ne rimarkis lin†. Kiam ni promenadis ĉirkaÅ­ la domo, tri policanoj alproksimiÄ is. Ili serĉis infaninon malaperintan en tiu distrikto. “Ni jam foje trarigardis la ĉirkaÅ­aĵon, sed ni ne povis trovi Å in†. Tiamaniere multegaj homoj malaperis sen spuro.

Nous avons visité la maison de parents de Mme Saitoo. La boue a déjàété enlevée de l’habitation et elle semble habitable après quelques réparations, mais la famille a déjàdécidé de détruire le bâtiment. Ils peuvent le faire sans frais, subventionnés par le gouvernement ou la province. Mme Saitoo nous a montré la salle de bains. “Le mari a été trouvé ici entre les débris. Auparavant, dans la maison et tout autour, il y avait plein de troncs de pins, venant des pins qui poussaient en bordure de mer, c’est pourquoi la famille ne l’avait pas remarqué†. Quand nous nous sommes promenés autour de la maison, trois policiers se sont approchés. Ils cherchaient une enfant disparue dans ce district. “Nous avons déjàregardé une fois les alentours mais nous n’avons pas pu la trouver†. C’est ainsi que de nombreuses personnes ont disparu sans traces.

Ni iris al la marbordo. La granda digo estis parte detruita kaj la betonaj blokoj estis disĵetitaj. La digo estis konstruita kontraÅ­ la venontaj ondegoj, sed ĉi-foje tiuj ondegoj transpasis la digon kaj ili detruis la digon, kiam ili revenis al la maro. Sur la sablo estis tri fotoj de bela junulino. Åœi faris tiujn fotojn por alglui al iu dokumento kiel pasporto. Ĉu Å i fartas bone ?
Nia lasta loko estis marborda naÄ ejo nomata “Ara-hama†, kie kelkaj knaboj Ä oje naÄ is. Kiam atakis la cumano, ili fuÄ is al la najbara elementa lernejo kaj estis savitaj. LaÅ­ la marbordo kreskas pinarboj, kaj malantaÅ­ tiuj etendiÄ is loÄ kvartalo, sed tie troviÄ is neniu lokano, krom buldozoj. De kie tiuj knaboj venis ? Kial ili naÄ as en tiu kriza situacio ? La maro estas belega kaj krioj de la knaboj eÄ¥is. MalantaÅ­ ili etendiÄ as dezerto. Mi sentis min kvazaÅ­ mi sonÄ us.

Nous sommes allés àla côte. La grande digue était partiellement détruite et les blocs de béton était éparpillés. La digue avait été construite contre les futures vagues géantes mais cette fois-ci, ces vagues ont franchi la digue et l’ont détruite en revenant vers la mer. Sur le sable se trouvaient trois photos d’une belle jeune fille. Elle a fait ces photos pour les coller àun document tel qu’un passeport. Se porte-t-elle bien ?
Notre dernier lieu (de visite) fut la piscine côtière appelée “Ara-hama†où quelques enfants nageaient avec bonheur. Quand le tsunami a frappé, ils se sont enfuis vers l’école élémentaire voisine et ont été sauvés. Le long de la côte poussent des pins et derrière ceux-ci s’étendait un quartier de logements, mais làne se trouvait personne du quartier, hormis des bulldozers. D’où sont venus ces enfants ? Pourquoi nageaient-ils dans une telle situation de crise ? La mer est magnifique et les cris des enfants font des échos. Derrière eux s’étend un désert. Je me sens comme dans un rêve.

Vespere mi pasigis pli ol unu horon en la stacidomo de Sendai. Ĉie estis belaj vendejoj kaj bele vestitaj homoj. Estis manÄ bastoneta vendejo. Mi surpriziÄ is pro bastonetoj kun la prezo de pli ol 100000 enojn (1000 eÅ­roj). En la sama urbo iuj vivas lukse same kiel antaÅ­e, dum la suferantoj mizere kaj senespere vivas en la rifuÄ ejo. Milito ĉion detruis antaÅ­ 70 jaroj, sed ĉi-foja katastrofo trafis neriĉajn terkulturistojn kaj fiÅ istojn. Oni povas facile konkludi, ke tia estas homa sorto, tamen mi ne komprenas, kial tiuj diligentaj kaj honestaj homoj devas suferi. (Fino)

Le soir, j’ai passé plus d’une heure dans la gare de Sendai. Partout ce n’était que belles boutiques et personnes joliment habillées. Il y avait un magasin de baguettes. Je fus surpris par des baguettes coà»tant plus de 100000 yens (1000 euros). Dans cette même ville, certains vivent luxueusement, comme avant, alors que des victimes vivent misérablement et sans espoir dans un refuge. Il y a 70 ans, la guerre a tout détruit mais la catastrophe de cette fois-ci a touché les modestes cultivateurs et pêcheurs. On peut facilement conclure que tel est le sort de l’être humain, cependant je ne comprends pas pourquoi ces personnes honnêtes et diligentes doivent souffrir. (Fin)


(message suivant : 9 juillet)


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