Centre Culturel Angevin d'Espéranto / Anĝeva Esperanto-Asocio

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Le 11 juin

(message précédent : 8 juin)
(rapide traduction, avec contributions de Simone ; le texte, en espéranto seulement, se trouve sur le site de SAT : ici)


(ĉi-supra bildo) Nigro kaj blanko estas funebraj koloroj. Ĉu ankaÅ­ la naturo funebras ?

(image ci-dessus) Le noir et le blanc sont des couleurs funèbres. La nature aussi est-elle en deuil ?


Le 11 juin / La 11-an de junio

AnkoraÅ­ 8000 estas malaperintaj

Tri monatoj pasis, sed ankoraŭ 8000 homoj estas malaperintaj. En la tajfuno de la golfo Ise en 1959 401 homoj estis malaperintaj kaj en la tertremego de HanŠin en 1995 tri. Tiun ĉi fojon ne kredeble multaj homoj estos malaperintaj. Nun du mil policanoj daŭrigas la serĉadon en tri gubernioj, sed ĉiun tagon ili trovas nur ĉirkaŭ dek kadavrojn. Multaj estis forprenitaj en la maron, do estas des pli malfacile trovi tiujn.

Il y a encore 8000 disparus

Trois mois ont passé mais il y a encore 8000 disparus. Après le typhon de la baie d’Ise en 1959, 401 personnes avaient disparu et après le grand tremblement de terre de KÅ be en 1995, trois. Cette fois-ci, c’est àpeine croyable combien nombreux auront été les disparus. Actuellement, 2000 policiers continuent les recherches dans trois provinces mais chaque jour, ils trouvent seulement environ 10 cadavres. Beaucoup ont été emportés par la mer, donc ce sera d’autant plus difficile de les trouver.

Alia problemo estas malfacila rekono de tiuj kadavroj jam multe damaÄ itaj. Äœis nun 86% estas rekonataj, sed jam 2000 estas sennome lasitaj. Oni klopodas identigi kadavrojn per DNA kaj dentoj, sed troviÄ as tro multaj mortintoj. Kiam homoj malaperas subite kaj senspure, oni ne povas konstati ilian morton. Ili devas vivi obsedate de bildoj de malaperintoj. Sen cindro oni ne povas okazigi funebran ceremonion.

Un autre problème est la difficile reconnaissance de ces cadavres déjàfortement abîmés. Jusqu’àprésent, 86 % ont été reconnus mais il y en a déjà2000 qui sont laissés sans nom. On s’efforce d’identifier les cadavres par l’ADN et les dents mais il y a de trop nombreux morts. Quand les personnes disparaissent subitement sans laisser de traces, on ne peut constater leur mort. On doit vivre obsédé par les images de disparus. Sans les cendres, on ne peut faire une cérémonie funèbre.

Ni ankoraŭ serĉas avinon

s-ro Abe Taketo 21-jara, loÄ anta en la urbo IÅ inomaki

La 11an de marto mi kaj mia frato hastis al nia hejmo, sed ni ne povis atingi Ä in dum kelkaj tagoj pro grandkvanto da detruitaĵoj. En la hejmo devis esti miaj gepatroj kaj avino. Kadavro de nia patrino estis trovita proksime de la hejmo fine de marto, sed kiam ni vidis Ä in unuan fojon, ni ne opiniis, ke tiu estas nia patrino, ĉar tiu estis senvestita en la ondoj. Poste ni rekonis Å in per la kolĉeno. Nia patro estis trovita en la mezo de aprilo. Li havis stiradkvalifikilon en la poÅ o. Ni kremaciigis niajn gepatrojn kaj konfidis la cindron al la templo. Tamen nia avino ne estas trovita. Ni volas havi iliajn funebrojn kune, sed tio estos ne ebla. Mi povos komenci antaÅ­enpaÅ i la 11an de junio, tri monatojn post la katastrofo, ĉesinte la serĉadon de nia avino.

(la 10an de junio, la ĵurnalo Asahi)

Mr Abe Taketo, 21 ans, habitant la ville de Ishinomaki

Le 11 mars, moi et mon frère, nous nous sommes précipités àla maison mais nous n’avons pu l’atteindre plusieurs jours durant àcause de la grande quantité de débris. À la maison se trouvaient probablement mes parents et ma grand-mère. Le cadavre de notre mère a été retrouvé près du domicile àla fin de mars mais quand nous l’avons vu la première fois, nous n’avons pas pensé qu’il pouvait être notre mère car il avait été dévêtu par les vagues. Ensuite, nous l’avons reconnue par le collier. Notre père a été retrouvé àla mi-avril. Il avait son permis de conduire en poche. Nous avons fait incinérer nos parents et avons confié les cendres au temple. Cependant, notre grand-mère n’a pas été retrouvée. Nous voulons faire leur deuil en même temps mais ce n’est pas possible. Le 11 juin, trois mois après la catastrophe, après avoir arrêté la recherche de notre grand-mère, je pourrai me tourner vers l’avenir.

(le 10 juin, du journal Asahi)

Mi volas havi cindron de mia patrino ĉe mi

S-ro Åœiga Kunio 67-jara, loÄ anta en la vilaÄ o Kacurao, HukuÅ ima Ni evakuis la vilaÄ on la 14an de marto. Mia patrino 88-jara ekloÄ is en maljunulejo, sed la 23an de majo mortis. Mi kremaciigis Å in kaj faris Å ajnan funebran ceremonion, sed tion ni faris senbonze nur inter miaj familianoj, tial Å i ne ricevis postmortan nomon. Mia familia tombo estas en la radiuso de 20 kilometroj de la nuklea centralo, tial mi ne povas meti la cindron en Ä in. Ni ne rajtas meti la cindron en la rifuÄ ejo, tial mi lasis Ä in en la altaro de mia domo, kiam mi portempe revenis al Ä i. Mia patrino mortis pro la nuklea akcidento, kaj nun mi vivas sola. Al kiu mi direktu mian koleregon ? Mi volas plej frue loÄ i en la provizora domo por meti Å ian cindron ĉe mi.

(la 10an de junio, la ĵurnalo Asahi)

Je veux avoir les cendres de ma mère chez moi

Mr Shiga Kunio, 67 ans, habitant dans le village de Kacurao, Fukushima.

Nous avons évacué le village le 14 mars. Ma mère, âgée de 88 ans, a emménagé dans une maison de retraite mais elle est décédée le 23 mai. Je l’ai fait incinérer et j’ai fait une sorte de cérémonie funèbre, mais nous avons fait cela sans la présence d’un bonze, seulement entre les membres de ma famille, c’est pourquoi elle n’a pas reçu de nom posthume. Ma tombe familiale se trouve dans le rayon de 20 kilomètres autour de la centrale nucléaire, c’est pourquoi je ne peux y mettre les cendres. Nous n’avons pas le droit de les mettre dans le refuge, c’est pourquoi je les ai laissées sur l’autel de mon domicile, quand j’y suis revenu momentanément. Ma mère est morte àcause de l’accident nucléaire et maintenant je vis seul. Vers qui dois-je tourner ma colère, ma rage ? Je veux le plus tôt possible habiter dans l’hébergement provisoire pour que ses cendres reposent auprès de moi.

(le 10 juin, du journal Asahi)

Ĉu homoj povos prezenti necesajn dokumentojn ?

Mia patrino mortis la 19an de majo. Poste mi devas fari diversajn aferojn : ricevi atestilon de Å ia morto, permesilon pri kremacio kaj enterigo, prezenti dokumentojn pri asekuroj kaj bankkajeroj, ĉesigi pagon por televido, gaso, elektro, telefono ktp. Se oni ne solvos tiujn aferojn, kompanioj plu postulos la pagon por tiuj servoj kaj ne donos asekuran monon. Tamen por tio,
1. Respondecaj homoj devas esti vivaj.
2. Kiam ili mortis, iliaj familianoj povas anstataÅ­i ilin, sed ankaÅ­ tiuj devas esti vivaj.
3. Ili devas atesti, ke iliaj familianoj jam mortis, sed kiamaniere oni povas atesti la morton de malaperintoj ?
4. Ili devas posedi diversajn dokumentojn, ekzemple pri siaj domo kaj aÅ­tomobiloj, kaj precipe la registritan familian stampon necesan por gravaj dokumentoj
5. La urba oficejo devas funkcii
Tamen multaj mortis. Multaj gepatroj mortis, postlasinte siajn junajn gefilojn. Per la cunamo ĉiuj posedaĵoj perdiÄ is. Multaj urboj ne bone funkcias.
La ministerio pri justico simpligis la procedon pri morto de malaperintoj, sed povos okazi, ke malaperintoj eterne vivos en la registro. Problemoj pli serioziÄ as.

Les personnes pourront-elles présenter les documents nécessaires ?

Ma mère est décédée le 19 mai. Ensuite, je dois faire diverses choses : recevoir une attestation de sa mort, une autorisation de crémation et d’enterrement, présenter des documents d’assurances et de comptes en banque, faire cesser le paiement pour la télévision, le gaz, l’électricité, le téléphone, etc. Si on ne règle pas ces affaires, les compagnies continueront àexiger le paiement pour ces services et ne donneront pas l’argent des assurances. Cependant, pour cela,
1. Les personnes responsables doivent être vivantes.
2. Quand elles sont décédées, les membres de leurs familles peuvent les remplacer mais eux-aussi doivent être vivants.
3. Ils doivent témoigner que leurs parents sont morts, mais de quelle manière peuvent-ils prouver la mort de disparus ?
4. Ils doivent avoir en leur possession divers documents, par exemple pour leur habitation et voiture, et surtout le sceau familial nécessaire pour les documents importants (infos ici aussi).
5. La mairie doit être ouverte
Mais beaucoup sont morts. Beaucoup de parents sont morts, laissant leurs jeunes enfants. À cause du tsunami, toutes les choses possédées ont été perdues. Beaucoup de services municipaux ne fonctionnent pas bien.
Le ministère de la justice a simplifié la procédure de décès des disparus mais il se peut que des disparus vivent éternellement dans les registres. Les problèmes deviennent plus sérieux.


(message suivant : 14 juin)


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