Centre Culturel Angevin d'Espéranto / Anĝeva Esperanto-Asocio

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1904-2004, cent ans d’espéranto àAngers

En 1887, un jeune médecin oculiste de Varsovie, le Dr Zamenhof, publie sous la signature "Docteur Esperanto", les bases de la langue internationale qu’il a élaborée et expérimentée. La nouvelle langue, bientôt connue sous le nom de son initiateur, attire l’attention de quelques Angevins dès le début du nouveau siècle.

L’ESPÉRANTO À ANGERS

Le groupe espérantiste d’Angers se crée en novembre 1904 àla suite d’une conférence faite en notre ville, àla mairie, par un certain capitaine Capé, sous la présidence d’un autre militaire, le général Samary.

Le groupe se forme sous l’impulsion de M. Elie Galard, un ancien pharmacien de Candé, déjàespérantiste convaincu en 1901.

M. Galard est donc le premier président du groupe (il traduisit en espéranto un guide du mont Saint-Michel).

Parmi les animateurs de la première heure,on relève notamment les noms de personnalités éminentes de la ville, comme le Professeur Préaubert, professeur au lycée, directeur des cours municipaux, fondateur de la Société Scientifique d’Angers, amateur de radiotélégraphie et qui donnera son nom àune rue d’Angers.

Citons aussi : le Pr. Henri Muffang, lui aussi professeur au lycée et qui traduisit "Poil de Carotte" de Jules Renard ; M. Georges Bouvet, le savant directeur du jardin des Plantes, du Musée d’histoire naturelle, président de la Société Scientifique, secrétaire de la Société d’horticulture (sa fille fut adjointe au maire d’Angers), M. Victor Leroy, bibliothécaire en chef de la ville, etc.

Ces précurseurs sont bientôt rejoints, entre autres, par le comte de Contades, le Dr André Martin, président de la Ligue de l’Enseignement, etc. L’intérêt pour la nouvelle langue s’étend àd’autres couches sociales et la commission administrative de la Bourse du travail demande àl’Université populaire d’ouvrir un cours d’espéranto (le projet n’aboutira qu’en 1909). Le groupe espérantiste, qui sera déclaré en 1906, a son siège place des Halles (aujourd’hui place Imbach).

En 1905, plusieurs Angevins participent au premier congrès universel d’espéranto àBoulogne-sur-Mer. La même année se crée un groupe àSaumur, ville où est né en 1854, le Dr Vallienne, l’un des tout premiers auteurs de romans en espéranto. D’autres groupes sont rapidement formés àCholet et Trélazé.

Dès sa création, le groupe d’Angers organise des cours d’espéranto. Lors d’une exposition en 1906, il présente un curieux document, une lettre qui a fait le tour du monde. Partie du groupe espérantiste de Clermont-Ferrand en 1904, elle a voyagé pendant plus de 12 mois : Clermont-Ferrand, Louvain (Belgique), Stockholm (Suède), Plovdiv (Bulgarie), Prague (Bohême), Saint Pétersbourg, Voronej (Russie), Hambourg (Allemagne), Londres (Angleterre), Montréal (Canada), Saint-Louis (USA), Mexico (Mexique), Lima (Pérou), Bombay (Inde), Malte, Turin, Alger, Orléans, Clermont-Ferrand.

Au 3ème congrès universel d’espéranto, àCambridge en 1907, on joue en espéranto un extrait d’Å’dipe-Roi, de Sophocle, que le Pr. Préaubert a traduit du grec et fait imprimer àAngers.

Au début de 1914, les Angevins se préparent déjàpour accueillir en visite touristique, une partie des participants du congrès universel d’espéranto qui, cette année-là, doit se tenir àParis et s’ouvrir le… 2 aoà»t 1914.

Le Syndicat d’initiative publie en 1914 une brochure en espéranto et assure, l’édition d’un dépliant illustré pour les rencontres internationales.

Fait remarquable, Angers est une des très rares villes françaises avec Beauvais, Tours et Paris où les cours d’espéranto fonctionnent pendant toute la guerre. Pour démontrer "la facilité incomparable et la haute valeur commerciale de l’espéranto", ces cours sont organisés parallèlement àdes cours similaires en Angleterre, Russie, Espagne et Norvège.

Le groupe espérantiste se reconstitue en 1919 et fonctionne pleinement jusqu’aux années trente.

Avec la montée des périls internationaux et les persécutions contre l’espéranto dans tous les pays totalitaires, l’activité du groupe se réduit àla veille du second conflit mondial. L’occupation allemande l’oblige àdisparaître temporairement, la langue étant interdite.

La flamme n’est cependant pas éteinte. Dès le départ des occupants de notre ville, le groupe espérantiste se réorganise en octobre 1944, avec de nouvelles personnes, sous l’impulsion entre autres, du Dr Max Rousseau.

Des statuts modifiés sont déposés en octobre 1944 àla préfecture et paraissent au JO du 18 mars 1945. Le nouveau groupe se réunit durant de longues années chez une adhérente, Melle Nouais, boulevard Descazeaux àAngers.

Près de 300 livres de l’ancienne bibliothèque, soigneusement conservés, sont récupérés et les contacts extérieurs renoués. Un adhérent trélazéen déterre de son jardin des manuels d’étude ainsi soustraits aux regards hostiles et les cours reprennent avec de nombreux participants.

Dès lors, au fil des années, se déroulent de nombreuses manifestations. En cet après-guerre récent, certaines innovent en Anjou : citons deux rencontres internationales, la première, dès 1947, avec la participation de 120 personnes de sept pays (dont une caravane danoise de 33 participants) et la seconde rencontre en 1950, constituant un avant congrès du congrès universel d’espéranto se tenant àParis : 150 espérantophones venus de 14 pays visitent l’Anjou durant une semaine et sont reçus àla Mairie… Le groupe angevin avait déjàorganisé un congrès national àla Pentecôte de la même année !

La salle Chemellier étant encore àla disposition des associations, le groupe angevin y présente quatre grandes expositions : en 1949, une grande exposition internationale de dessins d’enfants avec 3000 dessins envoyés par près de 2500 enfants de 25 nationalités (sous la présidence de M. le Préfet). Une exposition semblable et de même ampleur est présentée en 1952.

En 1952, le groupe d’Angers s’associe àl’installation de la Maison culturelle espérantiste du château de Grésillon, près de Baugé.

Cette réalisation coopérative nationale accueille, depuis cette date, cours d’été, stages et rencontres fréquentés par des milliers de participants venus des cinq continents.

En 1953, est organisée en Anjou la réception d’un groupe de jeunes Allemands, autre innovation àcette époque !

Depuis sa renaissance en 1944, le Centre Espéranto a fait visiter et connaître l’Anjou àde nombreux amis étrangers et organise chaque année, des cours de langue internationale.

En intégrant en 1953 les Cours Municipaux, le Cercle Angevin d’Espéranto peut travailler en collaboration avec les principales Universités Populaires d’Europe. L’Université Populaire de Zurich avait mis au point une série de cours d’espéranto rapides et pratiques. Ces cours furent adoptés simultanément par les Universités Populaires de Florence, La Haye, Helsinki, Karlstadt, Copenhague, Manchester, Parme, Salzburg et Stuttgart. Après les cinq premiers cours (sur un total de 12), les nouveaux espérantistes angevins peuvent commencer àcorrespondre avec leurs collègues étrangers.

Une rue Zamenhof est inaugurée àAngers en 1954 grâce au Dr Max Rousseau, conseiller municipal et membre du groupe.

On peut noter qu’il existe aussi une rue Zamenhof àBaugé, une rue Espéranto àMontreuil-Juigné et un square Espéranto àLiré.

En 1955, alors qu’aucune description des effets du bombardement atomique d’Hiroshima de 1945 n’a encore filtré, nous pouvons, grâce àdes témoignages directs, publiés au Japon en espéranto, traduire des documents qui feront l’objet de toute une page spéciale du "Courrier de l’Ouest"

SAT-Amikaro choisit Angers pour siège de son 11ème congrès en 1956.

Une importante délégation britannique y participe et de nombreux pays européens sont également représentés.

En 1956, après 20 ans d’interruption, les espérantistes d’URSS, qui viennent de créer un Comité de réorganisation, envoient aux Angevins, cartes, lettres et journaux.

En 1958, le groupe espérantiste présente une exposition sur le Japon avec la participation d’une journaliste japonaise.

Pendant plusieurs années, le Centre Espéranto d’Angers organise pour ses adhérents, une longue série de soirées, consacrées àde nombreux pays, avec lectures, films et musique, dans le cadre du projet "Orient-Occident" de l’UNESCO. En 1964 est présentée au public une remarquable exposition intitulée "Trésors des Civilisations d’Orient"

Toutes ces manifestations auraient été difficilement concevables sans le concours actif et bénévole des associations espérantistes étrangères.

La bibliothèque du Groupe est l’une des plus complètes de France concernant l’espéranto. En 2004, elle comprend, 2000 volumes, tant en littérature originale qu’en traductions d’une cinquantaine de langues.

En 1976, le Groupe Espérantiste d’Angers devient le Centre Culturel Angevin d’Espéranto.

En 1985, le 77ème Congrès National d’UFE se tient àAngers. Les congressistes y travaillent àla préparation du centenaire de la langue. Les participants sont reçus àla Mairie d’Angers par le délégué àla musique : "C’est un langage universel, utile au rapprochement entre les cultures". Un débat réunit les congressistes sur le thème des rapports entre les médias et l’espéranto.

En 1987, le centenaire de l’espéranto est marqué àAngers, par une importante exposition de sa littérature àla Bibliothèque municipale.

En 1993, une autre exposition, au même lieu, est consacrée aux traductions en espéranto des Å“uvres littéraires françaises, àl’occasion de la parution du nouveau dictionnaire français-espéranto.


Heureux qui comme UlysseFeliĉa, kiu faris, kiel Ulis’
Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Feliĉa, kiu faris, kiel Ulis’, vojaÄ on
Ou comme cestuy làqui conquit la toison, Belan, aÅ­ forkonkeris felon de l’Å af’ orvila,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Kaj poste rehejmiÄ is, plena de spert’ utila,
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Kun la parencoj vivi kaj Ä ui longan aÄ on !
Quand revoiray je, helas, de mon petit village Ve, kiam mian etan revidos mi vilaÄ on
Fumer la cheminée, et en quelle saison Kun la kamen’ fumanta, en kia tag’, trankvila,
Revoiray je le clos de ma pauvre maison, Revidos mi la korton de mia dom’ humila,
Qui m’est une province, et beaucoup davantage ? Kiu al mi valoras plej grandan apanaÄ on ?
Plus me plaist le sejour qu’ont basty mes ayeux, Pli plaĉas min la ejo de l’avoj konstruita,
Que des palais Romains le front audacieux, Ol de palacoj Romaj la frunto fierspita,
Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine, Pli ol marmor’ severa l’ardezo fajne blua,
Plus mon Loyre gaulois que le Tybre latin, Pli mia galla LÅ­aro, ol la Tiber’ latina,
Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Pli mia Liréeto, ol monto Palatina,
Et plus que l’air marin la doulceur Angevine. Kaj pli, ol maraero, tiu mildec’ Anĵua.
Joachin du Bellay Traduko de Gaston Waringhien

Pour permettre aux touristes espérantophones de mieux découvrir notre région, le Centre Angevin lance en septembre 1996 un concours de traduction de dépliants et guides touristiques. 44 documents reviennent, réalisés par des individuels ou des groupes. Sur 130 musées et monuments du Maine et Loire, 24 proposent leurs dépliants en espéranto.

Le Centre Culturel Angevin d’Espéranto a voulu célébrer le Centenaire de l’espéranto àAngers (1904-2004), par une série d’évènements marquants :

Nanne Kalma et Ankie van der Meer du groupe Kajto chantent au Centre Jean Vilar, àAngers le 29 février 2004.

Bruno Robineau nous fait vivre son rêve, ses voyages et ses rencontres lors d’une conférence àJean Vilar le 16 mars 2004.

Le 8 avril, André Frangeul et Jeanik Marolleau participent àl’émission "L’heure Locale" et parlent de l’espéranto et de la vie du Centre sur TV10.

Claude Piron fait salle comble àl’Institut Municipal lors de sa conférence sur les barrières linguistiques le 14 mai 2004.

En mai, une exposition internationale de dessins d’enfants, sur le thème de la protection de la nature, est présentée au centre Jean Vilar, 300 dessins sur 49 panneaux envahissent le hall du Centre (cliquez ici pour voir les dessins en ligne). Une exposition sur la littérature de l’espéranto est également présentée àla Bibliothèque Municipale en juin 2004.

Ce centenaire s’achève le 12 décembre 2004 par un repas d’anniversaire avec la participation du chanteur et poète Mikaelo BronÅ tejn.

Notre Centre angevin participe ainsi, depuis un siècle, àune vaste communauté mondiale pluriculturelle qui apporte une solution alternative àla communication entre des citoyens de tous les pays.

Une solution basée sur l’utilisation d’une véritable langue internationale, neutre, rapidement apprise, propriété commune de tous ses locuteurs.

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